vendredi 1 février 2008

Choisir sa vie. Mais laquelle ??

J' avais trouvé il y a quelques mois un texte sur un site écrit par un certain Demosthène, la trame était inspiré par le film Fight Club et m' avais bien emballé, je vous le fais donc découvrir ici :

Choisir la vie. Choisir un boulot, une carrière, la santé, une bonne mutuelle, un faible taux de cholestérol, des prêts à taux fixes, penser à la retraite, aller au boulot chaque jour assurer les bénéfices de mon entreprise pour une augmentation de 25 euros tous les cinq ans, payer mes impôts, taxes d’habitations, taxes foncières, T.V.A, rembourser mes études et mes diplômes inutiles. Choisir l’ordre, entrer dans la police et emmerder mon prochain.

Choisir une famille, me dégoter une gentille petite femme, mariage, lune de miel, deux enfants aux prénoms à la mode, les emmener à l’école tous les jours dans ma voiture à crédit. Choisir ses amis, ou prétendus amis, pas plus préoccupés par vous que du sort du premier venu, amitié conceptuelle basée sur des intérêts communs ou de prétendues obligations, « C’est un ami, alors qu’est que je peux faire ? ».

Choisir une télé à écran plat grand format, pour la moitié d’un salaire misérable, je ne vais quand même pas lésiner sur la machine qui va élever mes enfants. Choisir une machine à laver, une voiture, un lecteur cd mp3, un ouvre boite électrique, un pavillon en banlieue, un canapé avec ses deux fauteuils assortis à crédits avec deux choix de tissus, m’affaler sur ce même canapé afin de me lobotomiser devant les jeux télé en me bourrant de Mcdo. Acheter mes meubles chez Ikea, « esclave du cocooning », être un consommateur, « sous produit d’un mode de vie devenu une obsession », choisir la vaisselle qui me définit le mieux, augmenter ma garde robe de nouvelles chemises Calvin Klein achetées par correspondance. Choisir de bricoler le dimanche matin en pensant au sens de ma vie, rester à glander devant des programmes stupides à la place d’aller voter le dimanche, me cramer les neurones devant le Bigdil et les programmes de télé réalité. Choisir de pourrir à l’hospice et de finir en incontinent misérable en se rendant compte qu’on fait honte aux enfants qui nous ont déçus et qu’on a pondu pour qu’ils prennent la relève. Est-ce essentiel à notre survie, dans cette vie précaire que nous menons ? Choisir son avenir, choisir la vie. Mais quelle vie de merde. Pourquoi ferais-je une chose pareille ?

Et si je ne voulais pas choisir la vie, pas choisir cette vie. C’est pourtant un cycle immuable, nul n’y échappe. Ne pourrais-je pas avoir du temps pour savoir qui je suis, ce que je veux faire de ma si courte vie ? Du temps pour aimer, faire du sport et discuter avec l’ennemi ? Se faire une idée du présent et un soupçon du futur au lieu d’être constamment embarquer dans les délires de l’information, des vies vues par lucarnes interposées. Avoir du temps pour tous apprendre à vivre ensemble au lieu de cette perpétuelle concurrence.

Mais quelles alternatives me propose t-on ?
Aller à l’église tous les dimanches écouter mon berger faire son homélie et chanter ses Te Deum, remercier le seigneur pour le pain dégeulasse de ce jour ? Aimer un Dieu dont je n’ai rien à craindre ?

Pleurer comme un mouton face à deux milles personnes mortes dans deux tours et être à mon tour « tous américains », et pour cela pouvoir continuer à me branler devant les bombardements à la télé ? Et ne pas réagir face aux 20 millions de mort de la guerre civile dans le Darfour au Soudan ou au mort du sida toutes les 2 secondes en Afrique ? Me renfermer sur mon ethnocentrisme d’occidental et me préparer au « choc des civilisations » pour finir par voter FN ?

M’injecter de la merde en poudre dans les veines jusqu’à l’extase chimique ou bien fumer joint sur joint grillant neurones sur neurones ? Ou bien rester assis là encore et encore avec mon énième verre, alcoolique notoire d’une vie de dépendances multiples, préférant la fuite à travers la drogue plutôt qu‘affronter le quotidien ? Me réveiller le matin dans mon vomi avec une seule obsession, combler mon manque ?

Choisir. Vraiment ? Mais quoi qu’il arrive ce monde ne change pas, il tourne toujours autour de débats inutiles et stériles, de préoccupations qu’il faudrait réfléchir, montées en épingle afin d’exacerber les passions et éviter la réflexion. Réflexion devenue un sport à part entière dans une société décérébrée. Et quels résultats avec des sportifs de haut niveau tels que Adler, Del Valle, BHL, sans parler des « dopés » Seillière et Fallaci.

Nos intellectuels ont failli, nos hommes politiques ne nous servent plus, nous détruisons chaque jour les idéaux des autres mais nous avons perdu la recette pour en créer. L’art sert les idées et les visions mais a depuis longtemps oublié toute notion de beauté. Aujourd’hui les foules scandent le nom de groupes de rock ou stars pour gamines en mal d’idoles, plus ceux des grands hommes.

On stigmatise tout ce qui est différent, tout ce qui n’apparaît pas comme « normal », dans une inconscience, un repli identitaire refoulé. Les homosexuels veulent se marier ? Ne sommes nous pas tous égaux dans notre République ? Liberté, Egalité, Fraternité ! Après tout, qu’elle que soit son orientation sexuelle, on devrait tous avoir le droit de faire les mêmes conneries non ? Ou bien alors une autre bonne idée, interdisons le mariage aux hétérosexuels, ça tombe bien j’y tenais pas vraiment !

Le sida au bout de la seringue ou de la capote trouée. Le sexe devenu un plaisir sous restrictions sous peine de mort, un chantage à la vie, le tout dans un monde individualiste où aimer est une gageure que bien peu remplisse. Il est plus facile de s’enfermer dans un couple, combinaison utile plutôt qu’amoureuse, histoire de ne pas vieillir seul et de passer le temps en gardant l’hygiène intacte, cause de deux enfants dont les études coûteront les yeux de la tête aux pauvres parents éplorés d’avoir engendrés un dinosaure, un intellectuel. Un amour dans lequel on ne croit plus que par contes de fées interposées, miroirs aux alouettes, vies par procuration. Le bonheur est devenu une utopie, surtout lorsque celui-ci se caractérise par un consumérisme effréné, les objets nous possèdent lorsque ce ne sont pas nos idées. Il est plus facile de se cacher derrière une bannière ou une idéologie que d’assumer sa propre opinion.

Notre société est une bulle qui se renferme sur nos aspirations à la liberté, au changement et de deux choses l’une, soit elle éclatera sur notre élan, soit elle nous écrasera. Moi, j’ai choisi. Pas cette vie là. Les choses doivent changer car je ne changerais pas. Et comme dit la chanson, « No more will I play the wild rover no, never, no more ». La victoire ou la mort.

Démosthène.

1 commentaires:

Stéphane a dit…

Très beau texte et long débat en perspective ;)